Connexions Solidaires. En France, 1/5 des jeunes de 15-29 ans ne sont ni en emploi, ni en formation et hors du système éducatif. En quoi le numérique peut-il être un moyen d’insertion professionnelle et favoriser la lutte contre le chômage des jeunes ?

[boite largeur= »30% » position= »gauche » citation= »1″]Demain, la majorité des métiers, de l’ensemble des secteurs, seront concernés par le numérique. [/boite] Guy Mamou-Mani. Tout d’abord, il faut savoir que le numérique français représente 412 000 salariés, un chiffre d’affaire de 50 milliards d’euros, et offre 35 000 offres d’emploi chaque année. Demain, la majorité des métiers, de l’ensemble des secteurs, seront concernés par le numérique. Par conséquent, il faut y former l’ensemble des travailleurs, des consommateurs et des citoyens. En 2010, un plan de formation à 360° a été proposé au Président de la République. Il comprend la formation depuis l’école maternelle jusqu’au primaire, où il existe désormais des activités extra-scolaires de « coding ». L’option ISN (Informatique et Sciences du Numérique) est également poussée en terminale.

 

 

CS. Malgré ces mesures et une sensibilisation dès le plus jeune âge, le nombre de jeunes qui se tournent vers les métiers du numérique est insuffisant face à la demande croissante des entreprises*. Que faîtes-vous pour développer leur attractivité et encourager la jeunesse à choisir cette voie ?

[boite largeur= »30% » position= »droite » citation= »1″] Le numérique représente de nombreuses opportunités à saisir et surtout, donne une chance aux jeunes de toutes catégories sociales, tous niveaux et toutes religions. [/boite] GMM. Nous travaillons tous azimuts pour développer cette attractivité, et en particulier, pour attirer des jeunes qui auraient des difficultés dans le système traditionnel. Ainsi, nous travaillons avec l’association « Nos quartiers ont des talents » pour encourager les jeunes des quartiers difficiles à choisir des études digitales, où ils seront assurés de trouver un emploi durable (93,7% de CDI dans le secteur du numérique**) et convenablement rémunéré (48,3 K€ de rémunération brute moyenne pour un temps plein**). Nous avons également lancé les Talents du Numérique, un concours qui récompense de jeunes projets numériques, ainsi que le Trophée Excellencia, qui encourage les jeunes filles à faire des études d’informatique en leur accordant des bourses pour financer leurs études en école d’ingénieur. Le numérique représente de nombreuses opportunités à saisir et surtout, donne une chance aux jeunes de toutes catégories sociales, tous niveaux et toutes religions.

 

CS. Selon vous, l’action des pouvoirs publics est-elle suffisante dans ce domaine ?

[boite largeur= »30% » position= »gauche » citation= »1″] Le côté élitiste de l’informatique n’existe plus. [/boite] GMM. En tant qu’ancien professeur, je dirais « bien, mais peut mieux faire ». Il y a eu d’énormes progrès depuis les dernières élections présidentielles. Aujourd’hui, il y a une compréhension et une appropriation de ces enjeux par les pouvoirs publics même si la mise en place des actions ne va pas aussi vite qu’on le souhaiterait. Les pouvoirs publics prennent conscience que la formation est un sujet fondamental, pour les jeunes mais aussi pour les chercheurs d’emplois. En 2014, avec la POEC (Préparation Opérationnelle à l’Emploi Collective), 1400 d’entre eux ont pu suivre une formation et réintégrer la vie active. En 2015, l’objectif était d’en réintégrer 3000. Et pourquoi pas 10 000 en 2016 en mettant les moyens ? De même, l’initiative de la Grande Ecole du Numérique a été lancée il y a quelques mois par le gouvernement, avec le soutien du Syntec Numérique notamment, pour donner une perspective à des jeunes qui ne se sont pas retrouvés dans le système éducatif traditionnel. Nous pensons qu’il existe toujours des solutions, même pour les jeunes qui n’ont pas le bac, ces fameux « décrocheurs ». Des écoles comme la Web Académie, Simplon, Webforce 3 peuvent proposer des carrières dans le numérique par une formation adéquate de trois mois ou plus. 70 à 80% de ces jeunes qui réintègrent le circuit de l’éducation trouvent un emploi à l’issue de leur formation. Toutes ces initiatives qui jouent la réintégration des jeunes et des demandeurs d’emploi grâce au numérique sont donc à encourager, le côté élitiste de l’informatique n’existe plus.

 

CS. On sait qu’en France il y a 6 millions de personnes mal connectées voire totalement déconnectées… Quelles solutions proposez-vous pour que le numérique ne soit pas vecteur d’inégalités et d’exclusion ?

[boite largeur= »30% » position= »droite » citation= »1″] Je suis convaincu que le numérique est un outil de réhumanisation. [/boite] GMM. Je suis convaincu que le numérique est un outil de réhumanisation. En principe, tout le monde parle de la déshumanisation par le numérique… je conteste complètement cette idée reçue ! Par exemple, qu’y a-t-il de moins humain que la désertification médicale ou que des personnes âgées ou dépendantes qui sont isolées ? Grâce au numérique, on peut aujourd’hui se trouver au fin fond de la Creuse et bénéficier des soins du meilleur médecin mondial. Par ailleurs, ne vaut-il pas mieux créer des immeubles intelligents afin que les personnes âgées seules soient mieux suivies et soignées, plutôt que de créer un énième hôpital qui serait beaucoup trop onéreux ? Le numérique va donner une autre solution avec le développement de la e-santé. De manière générale, il faut encourager les initiatives, comme celle de Connexions Solidaires, qui luttent contre l’isolement de certaines personnes, car on devrait tous avoir accès au numérique.

 

CS. Quelle serait la priorité d’action selon vous pour un numérique solidaire en 2016 ?

[boite largeur= »30% » position= »gauche » citation= »1″] Rendre l’accès massif et quasiment gratuit au numérique pour toute l’humanité, comme le sont l’électricité et l’eau. [/boite] GMM. Rendre l’accès massif et quasiment gratuit au numérique pour toute l’humanité, comme le sont l’électricité et l’eau. Dans certains pays, c’est malheureusement encore un vrai combat, mais aujourd’hui, qui se pose encore la question de l’accès à l’eau et à l’électricité en France ? Il doit en être de même pour le numérique, où que vous soyez en France. Et ce, dans le but de répondre à l’ensemble des enjeux d’éducation, de santé, de travail, de confort… qui sont primordiaux pour tous. Le numérique ne doit plus être réservé à une élite !

 

 

*Baromètre des métiers du numérique par Cap Digital et Multiposting, janvier 2015

**Conférence semestrielle Syntec Numérique avril 2015