Le concept de digital natives (“natifs du numérique” en français) est apparu pour la première fois en 2001 dans l’article « Digital natives, Digital immigrants » de Marc Prensky, chercheur américain spécialiste des questions d’éducation à l’heure du numérique. Il définissait alors les digital natives comme les individus nés après 1980, avec le langage numérique (ordinateurs, jeux vidéo, internet) pour « langue maternelle ». Des natifs du numérique donc, à distinguer des digital immigrants, ces individus issus des générations antérieures, et qui auraient migré vers le numérique.
Ce concept, en vogue après son apparition, a été maintes fois utilisé tout en étant critiqué. Une étude, Measuring the information society, publiée par l’Union Internationale des Télécommunications en 2013, attribuait la capacité d’un pays à tirer profit de la révolution numérique à la part de digital natives présente dans sa population. Selon l’étude, plus ces natifs du numérique sont nombreux, plus le pays est numériquement compétent.
Des voix se sont toutefois élevées pour remettre en cause le bien-fondé de ce concept parfois trompeur. Des travaux scientifiques soulignent la diversité des pratiques numériques chez les jeunes, et distinguent la capacité à utiliser un outil de la maîtrise de cet outil. Par ailleurs, dans son rapport sur l’inclusion numérique, le Conseil National du Numérique dénonçait les dangers d’un concept qui « justifierait toutes les politiques attentistes » quand bien même les jeunes doivent, eux aussi, être formés à la littératie numérique.